Se typer : un exercice parfois délicat

En ennéagramme, trouver son type est parfois évident, parfois délicat et plus long.

Mon expérience de formateur montre que certaines personnes se typent en une demi-heure et que cela se révèle exact par la suite, et que d’autres peuvent mettre des mois, voire en revenant sur un stage suivant se trouvent dans un autre type… Pourquoi cela ?

Quelques raisons peuvent être avancées :

  1. la première est que nous ne sommes pas transparents à nous-même et que l’ennéagramme visant les motivations profondes, structurantes et originelles de la personne… c’est pas forcément évident. L’ennéagramme touche à la personnalité dans sa partie immergée de l’iceberg.
  2. la deuxième est que nous projetons énormément de choses sur nous-même (et les autres) : entre ce que nous voudrions être, ce que nous croyons être, ce que les autres nous renvoient de nous et que nous interprétons avec nos filtres déformants… et ce que nous connaissons de nous-même, il peut y avoir de la marge.
  3. la troisième est que l’ennéagramme pour être pertinent nécessite d’en comprendre toutes les subtilités. Deux élements me paraissent ici capitaux :
    – le fonctionnement des centres de la personnalité. Première clé incontournable : savoir si je suis mental, instinctif ou émotionnel.
    – la hiérarchie de l’utilisation de ces centres fait une grosse différence. Il s’agit des variantes alpha α et mu μ (développées par Fabien et Patricia Chabreuil). Ce schéma me paraît plus déterminant que les sous-types (social, tête-à-tête et survie) qui indiquent pour moi simplement comment le type se comporte suivant son environnement et l’endroit où la compulsion du type se manifeste le plus. Tandis que les variantes apportent une vraie différence de profiling…
  4. la quatrième est que parfois les formateurs en ennéagramme manquent de recul et de retenue et projetent leurs idées sur les personnes sans leur laisser le temps de mûrir, sans accepter de les laisser dans un certain inconfort. Ceci peut arriver à tout le monde même en disant clairement que c’est aux personnes de se reconnaître et non pas aux formateurs de typer : la tentation de toute puissance du formateur est grande. Faire un feedback est utile et même parfois nécessaire, c’est différent de typer.
    J’apporte une autre nuance à mon propos, tant il est vrai que certains types attendent un aval de l’autorité. C’est le cas du SIX (le Loyaliste) en particulier, qui ne peut se reconnaître en ennéagramme vraiment qu’avec l’assentiment du formateur. Cependant là ce peut être différent, si la personne a déjà fait du chemin et est mûre pour accueillir une confirmation.
  • Il y a sûrement d’autres raisons qui expliquent les approximations… l’essentiel est que l’ennéagramme mette en chemin les personnes, vers le meilleur d’elle-même.