Vous vous avez sûrement déjà eu à faire à un chef qui fonctionne de façon rapide, nette, tranchée, en mode binaire (vrai/faux ; correct/incorrect ; oui/non ; bon/nul etc). Cela présente des avantages certains comme ceux de savoir où on va, d’avoir des réponses claires, ça peut même être rassurant par certains aspects.
Cependant ce fonctionnement entraîne avec lui de nombreux inconvénients : peu de temps pour échanger, des paroles parfois abruptes, des décisions brutales, sans appel possible, de la crainte pour dire les choses et faire remonter les vrais problèmes de peur de s’en prendre une etc…
Un tel responsable, que je qualifierai de leader instinctif, génère des formes de protection diverses de la part de ses collaborateurs :
- des « silencieux » : ça sert à rien de parler, c’est dangereux même et puis à la fin il décide seul de toute façon,
- des « parapluies » : protégeons-nous, tout ce que je dois faire doit être nickel sans reproche pour ne lui donner aucune prise sur moi
- des « courtisans » : tâchons de dire ce qu’il veut entendre, mettons-nous sous sa protection,
- des « attentistes » : attendons qu’on nous change de chef, ça ira mieux etc.
Ce sont autant de gens que ce type de leader méprise. Il ne respecte en général que les personnes qui s’opposent à lui et mettent le même degré d’énergie que lui dans la façon de se positionner.
Je peux, face à ce type de chef, me sentir mal, me dévaloriser, me voir comme un petit-garçon ou une petite fille qui n’ose pas parler à l’autorité. Et c’est justement cela qui va l’énerver et renforcer son fonctionnement, décrit ci-dessus.
Alors si mon chef est comme ça que puis-je faire ?
L’idée c’est de le faire sortir de son mode automatique en s’adressant à son cerveau préfrontal (système 2 de Daniel Kahneman – prix Nobel d’Economie) plutôt qu’à son cerveau limbique (système 1) qui chez lui marche en mode instinctif, direct, rapide, brutal etc. Comment y parvenir ?
Solliciter le système 2 cela veut dire : communiquer d’abord par du positif (attention pas de mode bisounours ! ) :
- il s’agit d’amener une accroche forte qui suscite des émotions positives de la surprise et/ou du plaisir :
« Tiens Monsieur Z. j’ai une bonne nouvelle pour vous… »
« Vous saviez que nos Codirs pourraient durer 1h de moins ? »
« Pourquoi croyez-vous que Mme D. a dit ça ? »
« Au fait, Point Godwin ça vous parle, vous voyez ce que je veux dire ? », - ensuite donner l’information en adressant le sujet directement (pas de détails, privilégiez une info ciblée), en pointant les éventuelles difficultés et si possible vos idées de solutions ou a minima les questions que cela pose…
Eviter surtout les modes plaintif (« je sais pas quoi faire »), déresponsabilisé (« c’est pas ma faute ») ou cachotier (« ah je vous avais pas dit que »). Le fait d’apparaître comme une victime risque d’activer le système 1 et la machine à baffe.
Essayez, je suis preneur de vos retours sur le sujet…