Gérard Lanvin, acteur attachant au caractère bien trempé, un HUIT α
Genèse (un rebelle dans l’âme)
Gérard Lanvin est né le 21 juin 1950 à Boulogne-Billancourt. Enfant d’une famille aisée, il rejette son éducation bourgeoise et, contre l’avis de ses parents, stoppe ses études à 17 ans. Il enchaine les petits boulots. Il est vendeur de fripes lorsque le hasard met sur sa route Martin Lamotte qui l’invite à assister à une pièce de Coluche. Touché, Gérard devient le spectateur assidu de pièces de théâtre. Il propose même ses services à la troupe du Café de la Gare. Il se transforme en factotum, tantôt machiniste, tantôt régisseur ou encore éclairagiste, puis finalement acteur, à la demande de Martin Lamotte. Sa première apparition— discrète — dans un film est dans L’ Aile ou la Cuisse : il joue un membre du cirque. Puis, en 1977, Coluche lui offre son premier vrai rôle au cinéma dans son adaptation de la pièce Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine. Assez vite, il connaît le succès grâce à Marche à l’ombre de Michel Blanc, et surtout Le fils préféré de Nicole Garcia en 1994, pour lequel il obtient le césar du meilleur acteur.
Lanvin s’est construit contre, dans la réaction à… Dans une interview accordée à Psychologies, alors que la journaliste entame la discussion comme suit : « J’avoue être étonnée que vous acceptiez de parler de vous, je vous imaginais plutôt taiseux… », Gérard répond : « Taiseux ? Ah non, j’ai joué des rôles de taiseux, mais c’est pas moi. En revanche, j’ai du caractère et parfois un mauvais. Je suis très réactif à tout et je ne me prive pas pour le dire. La vérité me semble être le plus bel idéal à fréquenter : dis ce que tu es, dis ce que tu fais et fais ce que tu dis. Même si ça ne plaît pas, au moins tu auras été clair avec toi-même. »
Son fort caractère de rebelle est remarquable et se laisse voir lors de rares et percutantes interventions médiatiques. Le profil HUIT est une hypothèse plausible.
Devise (je suis fort donc je suis)
Gérard Lanvin n’est pas du genre à faire dans la dentelle. Quand il a quelque chose à dire, il le dit sans prendre de gants. « A 62 ans, je ne vais pas m’amuser à devenir consensuel » assure celui qui dit avoir été viré dix fois dans son métier, invitant ceux qui le critiquent à des retrouvailles loin des caméras et des médias. Exemple en 2013, sur le plateau de Vivement Dimanche, invité par Michel Drucker pour faire la promotion de son film Amitiés Sincères, il en a profité au passage pour dézinguer quelques journalistes.Critiqué pour son rôle de Charlie Bauer dans Mesrine, il a déclaré : « Je vais régler des comptes là, juste deux secondes : à tous les crétins et les cons qui m’ont accusé d’être ridicule avec cet accent ». Puis il a enchaîné sous les applaudissements du public amusé : « J’emmerde ces connards de journalistes, qui s’amusent à nous chier dessus ».
Et le comédien ne s’est pas arrêté là ! A propos du rôle d’Edmond Vidal dit Momon, un autre truand, dans le film d’Olivier Marchall Les Lyonnais, il s’en est pris à un critique de cinéma : « un espèce de playboy sur LCI. (…) Ce mec aurait peut-être aimé faire le métier d’acteur, mais il faut des couilles pour cela ». Puis, citant le journaliste : « Lanvin joue comme au théâtre », il répondit avec un ton invitant à en découdre : « Qu’il aille voir Momon Vidal, il lui dira ce qu’il en pense ». Il conclut avec un regard de défi à la caméra… en faisant un doigt d’honneur. Mieux vaut ne pas chercher des noises à Gérard ! Le langage est fleuri, direct et provocateur.
Orientation (bravoure, courage, commandement)
Anne-Laure Gannac pose une question à Gérard : « Et vous n’avez pas peur de déplaire. À quoi cela tient-il ? À une confiance en soi absolue ? » La réponse ne se fait pas attendre : « Pas du tout, c’est du courage. Parce que chercher à faire l’unanimité, c’est absurde ; être l’ami de tout le monde, c’est n’être l’ami de personne. Il faut oser s’affirmer. Vous êtes déçu par un type ? Dites-le-lui. Vous ne bosserez plus avec lui ? Peut-être, et alors ? Moi, je ne veux bosser qu’avec des gens que j’estime. J’ai été puni vingt fois par le cinéma pour avoir été trop sincère, mais, en même temps, personne n’est assez fort pour vous détruire tout à fait quand vous avez du tempérament. Parce qu’il y a aussi tous les autres qui vous aiment pour votre sincérité. » La journaliste de poursuivre : « Au fond, vous avancez comme un flibustier… » : « Oui, un vrai pirate ! »
Compulsion (la faiblesse : la sienne et celle des autres)
Lanvin n’a jamais été tendre avec François Hollande (profil NEUF). « Hollande, fais-le, ton boulot » lui jette-t-il à la figure avec agacement. Dans l’émission On s’en serait douté, le Président de la République y est taclé en référence à un de ses célèbres moments de solitude : « Quand il pleut, mieux vaut prendre un parapluie que d’avoir l’air d’un con » lance Gérard sur le plateau télé. Un président qui se montre faible n’est pas un vrai chef ! Lanvin n’aime ni la faiblesse ni la mollesse, c’est clair. François Hollande n’est, pour lui, « pas un chef d’entreprise, il n’a pas le charisme pour cela ».
Par ailleurs, il avoue que : « Ma grande peur, c’est d’être diminué par la maladie. Sentir que je suis fragile, moi aussi… Sur ce point, je ne suis pas un super-héros. »
Mécanisme de défense (le déni)
Gérard Lanvin commence souvent ses réponses en disant « Non » ou en niant le propos évoqué. Comme ici lorsque Anne-Laure Gannac de Psycho lui demande : « Vous avez toujours été un peu rebelle ? », chose qu’il dit de lui-même par ailleurs (cf. ci-dessus). Gérard répond : « Je n’ai pas peur d’être hors système, mais je ne crois pas être rebelle pour autant. Ne pas aller aux césars récupérer sa statuette, par exemple, ce n’est pas être rebelle, c’est juste que je ne vois pas ce que la notion de « meilleur acteur » vient foutre dans notre profession. Je ne veux pas être considéré comme meilleur que l’autre avec lequel je joue, mais comme son allié. »
Elle poursuit : « Pourtant, vous vivez depuis plus de trente-cinq ans dans un métier de l’image, du paraître… » Et Gérard continue dans le même registre : « Non, moi je vis pas là-dedans, je fais le travail d’acteur, mais je ne fréquente pas les gens de ce métier, ni ses institutions ou ses récompenses. Moi, ce que j’aime, c’est l’échange, les rencontres, les aventures. »
Le déni du HUIT porte souvent sur sa colère et sa violence. Dans l’interview de Psycho, cela s’illustre ainsi. A la question « Refuser les honneurs comme les césars, c’est aussi refuser la reconnaissance de ses pairs : vous n’en avez pas besoin ? » Gérard rétorque : « Mes pairs de quoi ? Mes pairs, c’est Ventura, c’est Becker, oui. Mais ceux qui votent aux césars, ce sont des combinards, pas mes pairs. Je veux surtout qu’on estime la personne que j’aspire à être. Je m’oblige à avoir de bonnes attitudes. Je pourrais facilement distribuer des gifles, mais je me retiens. » La journaliste lui demande alors pourquoi il est en colère : « Je ne suis pas en colère, je suis un homme heureux, vous savez. Mais aussi, comme beaucoup aujourd’hui, un homme déçu. Déçu du manque d’amitié, du manque de respect, du manque de droiture, de parole. Parce que je n’ai pas été élevé comme ça. »
Triade infernale (Injustice, Vengeance, Excès en toute choses )
Lanvin est parfois à vif sur certains sujets. En pleine promotion de la comédie Bon Rétablissement !, l’acteur a épinglé le député PS Thomas Thévenoud, qui avait « oublié », selon lui, de payer ses impôts (mais aussi ses PV, son loyer et le kinésithérapeute de sa fille). Gérard n’est pas tendre quand il s’agit d’évoquer les « voyous » de la politique. « Quand je vois ça, dit-il, j’ai envie de le prendre par la peau du cul et de lui arranger son affaire (…). Non mais le mec, au-delà d’être un connard – parce que moi je me permets de le dire : c’est un connard – il quitte pas le Parlement. Il n’a aucune émotion, c’est rien, c’est de la merde. » Exaspéré, il conclut : « On a envie de leur mettre des fessées à ces connards. Pas des coups, des fessées. »
En janvier 2013, dans La Provence, alors qu’on est en période d’annonce par François Hollande de la taxation à 75% des revenus les plus élevés, il s’insurge : « Les impôts, je suis d’accord pour les payer, mais pas pour qu’on me prenne pour une pute ! (…) J’ai honte de notre pays, je conseille à mes enfants de partir. (…) Moi, même à 75% je ne risque rien. J’ai une maison comme tout le monde, mais c’est tout. » confesse-t-il. Non sans excès, il enchaîne : « Je ne suis pas censé payer un ISF qui va détruire ma vie ». Et puis il se lâche sur une proie, en l’occurence Mélenchon : « Elle vient de Mélenchon, cette grosse connerie ? ».
A l’époque, il épousera la cause de Gérard Depardieu, exilé en Belgique pour payer moins d’impôts et titulaire d’un nouveau passeport russe : « Je n’ai pas à juger ce qu’il fait (…) ; s’il veut se cailler les couilles en Russie, qu’il y aille. »
Trio vertueux (Magnanimité, Altérité, ressentir l’énergie des gens)
En 2015 sur le plateau de France 2, Gérard déclare : « Je voulais vous dire quelque chose, Elise (Lucet), parce que j’ai entendu quelqu’un (Rachida Dati) vous dire que vous avez une carrière pathétique, je ne suis pas du tout d’accord moi et je pense que certaines fois, on devrait garder son sang-froid… Moi je trouve que vous avez une carrière super. » Comme tous les HUIT, derrière sa carapace se cache un grand coeur. Cette déclaration a fait mouche : « Merci à vous, Gérard, c’est adorable de votre part, et on essaie quoi qu’il arrive de toujours garder notre sang-froid».
Au-delà de son tempérament de dur, Gérard est aussi sensible à la solidarité. Une des caractéristiques du HUIT est qu’il est impressionnant, il fait peur à beaucoup de gens en général, sans en être forcément conscient. Anne-Laure Gannac demande à Gérard Lanvin s’il cherche à faire peur. Avec candeur, il répond : « Non, mais c’est ce que j’inspire, paraît-il. C’est vrai que je suis plutôt dur dans la vie. Vous savez, je suis un forain : faut pas qu’on m’emmerde. Et puis, mon père était entraîneur de rugby. Quand, à 6 ans, on vous met sur le dos votre premier maillot de rugby, en vous disant « Vas-y, mon grand, va prendre les coups », forcément, ça vous forge un tempérament. Après, quand on vous fait mal, vous apprenez à rendre. Vous comprenez ce que c’est que le combat, l’obstination. Mais aussi la solidarité. » (…) « Et la mort ? », demande la journaliste : « Elle, je m’en inquiète pas du tout. Comme Yves Montand, je pourrais avoir pour dernières paroles : « Je m’en fous, j’ai bien vécu. » Parce que je suis un terrien qui kiffe sa vie sans regret ni remords. C’est pour cela aussi que je m’accroche à mes valeurs, pour pouvoir partir un jour tranquille en me disant que je n’ai fait de saleté à personne. J’ai été généreux, sincère et droit dans mes bottes. » L’intégration en profil DEUX se cache peut-être ici.
Non–verbal
L’article d’Anne-Laure Gannac commence par cette description ciselée : « Biceps moulés dans un tee-shirt ouvert sur le poitrail bronzé, bagouses en argent à chaque main, lunettes sombres greffées sur le pif, et cet argot qu’il vous impose illico dans un accent de loulou de banlieue : Gérard Lanvin, ce n’est pas de la frime, c’est du briscard, du vrai, du pur jus comme on n’en fait plus. »
Gérard est une gueule du cinéma français, une référence. Avec sa stature carrée, son air viril, il a réussi aussi bien dans des comédies d’action que dans les polars sombres typiques des années 80. Dans la droite ligne d’un Lino Ventura ou plus récemment d’un Depardieu, tous les deux de probables profils HUIT, d’ailleurs.
Hiérarchie des centres (IME)
L’Instinctif est à coup sûr son centre dominant. Interviewé sur ses débuts, il était l’ami de Patrick Dewaere et déclare l’avoir apprécié avec Miou-Miou dans les Valseuses. Il les qualifient d’ailleurs d’acteurs d’instinct !
Pour le centre de soutien, c’est plus difficile, en effet Gérard a un côté sensible qui s’exprime peu souvent, mais parfois ses propos sont très famille, orientés relations, solidarité etc. Cependant, ce qui domine dans sa façon d’être est un certaine forme de recul et de distance, plus que de la chaleur. D’ailleurs, à propos du film Angélique (déc. 2013) il disait : « On a toujours des doutes, parce que c’est notre ligne de flottaison. Il serait fou de ne plus avoir de doutes. Je sais que c’est le travail qui paie au final. Je travaille beaucoup en amont, donc là, pendant deux mois, en se mettant à l’escrime, en refréquentant le cheval, et puis il fallait apprendre par coeur ce texte parce que vous n’avez pas le droit à l’erreur. » Pour un HUIT, c’est même étonnant, ce discours.
Sauf si l’on fait l’hypothèse que Gérard est un HUIT α (Instinctif – Mental – Émotionnel), ce qui place son centre mental est en second. Le doute viendrait de là. D’ailleurs, on ne l’entend que rarement évoquer un sentiment de tristesse (répression du centre émotionnel).
Il s’intègrerait donc en DEUX lorsqu’il va bien, devenant bienveillant et au service des autres ; il se désintègrerait en CINQ lorsqu’il va mal, devenant presque sociopathe, solitaire, loin de ses émotions, avare de sa personne, un peu « ours » quoi…
Gérard est un acteur extrêmement attachant qui ne peut laisser indifférent. Personnellement, j’apprécie vraiment beaucoup cet acteur qui, comme un HUIT, au-delà de ses accès de colère parfois empreints de violence, est en quête de vérité et de justice.
Sources :
– Gérard Lanvin : « Je suis vieux mais à l’intérieur, j’ai 12 ans » interview d’août 2014 par Anne-Laure Gannac, Revue Psychologies.
– Articles de presse dans diverses revues et journaux.
– Vidéos notamment : https://m.youtube.com/watch?v=pROAUFyG_K8 ; https://m.youtube.com/watch?v=Jjbx5xV7ftE ; https://m.youtube.com/watch?v=ee4nPQv4eyc ; https://m.youtube.com/watch?v=1VnaCPjcqaw ; https://www.dailymotion.com/video/xx3b35